Géographiquement, le Béarn est une terre de passage. De tous temps (y compris à l’époque romaine), il s’est vu traverser par des convois de marchandises. Ainsi, des Béarnais ont été initiés au commerce ce qui a favorisé les migrations (voyages, expatriements).
Beaucoup de Béarnais ont émigré en Espagne, destination très privilégiée jusqu’au XVIIIème siècle de par son rapprochement géographique et historique.
Les XIXème et début du XXème siècles voient l’émigration s’ouvrir massivement à d’autres pays plus ou moins lointains : c’est essentiellement l’émigration vers les Amériques.
Pourquoi émigrait-on ?
- La pauvreté : le Béarn est une terre rurale. Les gens vivaient surtout de culture et d’élevage. Les épidémies, les guerres, les mauvaises récoltes à cause des intempéries ont aggravé la crise économique et la pauvreté déjà existante. La famine et la misère était générale en Béarn.
- La Conscription : c’était un mode de recrutement des soldats après la Révolution. En 1798, la loi Jourdan fut votée : elle obligeait tous les jeunes gens à s’inscrire sur les listes de Conscription l’année de leurs 20 ans. Selon les nécessités de guerres, un certain nombre d’entre eux était enrôlé dans l’armée. Dans un 1er temps, le choix revenait aux élus municipaux puis vint le temps du tirage au sort. Les conditions de vie de soldat faisaient peur, la crainte étant majorée par un service militaire très long : 7 ans (réduit à 5 par la suite).
- La religion : impossibilité de pratiquer certaines religions (majeur jusqu’au XVIIème siècle notamment avec les protestants)
Les deux premières raisons étaient les plus importantes pour les flux migratoires de la moitié du XIXème au premier quart du XXème siècle.
Nombre d’émigrants partis des Basses-Pyrénées selon la Direction de la Sûreté Générale :
- en 1882 : 398
- en 1883 : 364
- en 1884 : 1386
Le transport
Au XIXème siècle, la Compagnie des Messageries Maritimes avait plusieurs paquebots qui se rendaient à Montevideo (Uruguay) ou à Buenos Aires (Argentine) et qui s’appelaient : l’ « Orénoque », l’ « Equateur » et le « Congo ». D’autres types de bateaux ont assuré par la suite la même liaison : le « Sénégal », l’ « Atlantique », le « Chili », le « Canarias » …
Pour ceux qui allaient en Louisiane, l’embarquement était à La Rochelle ou à Nantes avec les navires suivants : le « Brésil », le « Ville de Nantes » et le « Château Margaux ».
Pour se rendre sur la côte est des Etats-Unis, le port du Havre était le principal port de départ. Les navires utilisés étaient : le « Château Lafitte », le « Ville du Havre », le « Ville de Marseille », le « Pampa » et le « Rotterdam ».
L’émigration vue d’Os-Marsillon
Le village d’Os-Marsillon a vu partir un bon nombre de ses habitants au 19e siècle.
Les listes de Conscription n’ont pas été trouvées. Un seul absent natif de ce village, Jean Cami, avait été recensé en 1841 à Lagor, où habitaient ses parents ; il était parti à Montevideo.
Pour notre canton, un registre est tenu par un certain Jean-Baptiste Laplace, agent d’émigration travaillant dans un premier temps pour les compagnies de transport maritimes afin d’inciter les gens au départ.
Les registres de Jean-Baptiste Laplace retiennent une vingtaine de départs d’Os-Marsillon, tous à destination de Buenos Aires.
Equateur – 5 juillet 1881
LACLUQUE Léon, 20 ans, forgeron
Orénoque – 5 septembre 1881
CLAVERIE Mathieu, 15 ans, cultivateur
Equateur – 5 octobre 1881
BEDARROU Sylvain, 20 ans, cordonnier
Madrid – 4 juillet 1883
PASQUET M. Louise, 22 ans
Congo – 5 novembre 1883
VIGNAU Pauline, 30 ans
Equateur – 5 juillet 1884
LARROUDE Célestine, 19 ans
Niger – 20 septembre 1884
CHARLES Jean-Louis, 20 ans
Congo – 5 février 1885
BEDARROU Jean, 42 ans
Château Margaux – 25 novembre 1885
St PAUL Jean, 19 ans
Sénégal – 5 avril 1886
Les sœurs BOURRAS Marie, 14 ans et Bertite 17 ans
LARROUDE Marie, 14 ans
Montevideo – 14 septembre 1886
RAMY Juzon, 70 ans
Sénégal – 20 août 1886
DAUGAROU Justine, 17 ans
Congo – 5 septembre 1886
LAUGAROU Jean, 26 ans
LARROUDE Auguste, 40 ans
Equateur – 5 février 1887
CAMBLONG Pierre, 32 ans,
son épouse Marie, 28 ans
et leur fils Jean, 1 an
Britania – 15 novembre 1890
LABOURIE François, 18 ans
Vapeur Italie de Marseille – 20 septembre 1900
ESTARIA Jean, 23 ans
La liste est bien évidemment incomplète car il existait d’autres réseaux d’émigration qui n’ont pas nécessairement tenu de registres. Néanmoins, certains d’entre vous peuvent détenir des documents sans le savoir. Si vous le voulez, vous pouvez faire parvenir à la mairie des informations complémentaires.
Souvenons-nous…
Il est primordial de préserver ses racines familiales, ne pas oublier d’où on vient.
Ces émigrants n’ont jamais oublié leur Béarn natal mais les générations suivantes n’ont pas connu notre terre. Dans certaines familles, l’éloignement géographique n’empêche pas les retrouvailles. L’internet peut vraiment s’avérer être un bon outil de communication pour pouvoir entrer en contact avec les familles émigrées.
Il existe une association locale qui permet une plus grande proximité avec nos chers cousins argentins. Il s’agit de l’Association Franco-Argentine de Béarnais (AFAB). Une association équivalente existe en Argentine.